La Memomatic
C'est en 1970 qu'Omega présente sa première montre réveil, avec pour la première fois l'heure du réveil réglable à la minute prés.
Le calibre 980 dont elle est dotée est en fait un mouvement automatique développé par Lémania.
Cette montre fut présentée avec deux habillages au choix, et plusieurs couleurs de cadrans.
-La référence 166.072 est une boite de type tonneau assez imposante.
Le modèle présenté est doté de son bracelet acier avec ses maillons d'entrecornes adaptés à la forme du boîtier.
-La référence 166.071 est une boîte de type pilote (nom donné chez Omega), ressemblant à la boîte du chronographe Flightmaster.
En écrivant ces lignes je me suis rappelé que je possèdais l'autre modèle dans un tiroir !
Oui je sais, cet exemplaire n'est pas trés présentable, et c'est la raison pour laquelle je l'avais oublié...
En fait j'ai acheté les deux modèles pratiquement coup sur coup et en panne il y a plus de dix ans, et si le premier a pu être restauré rapidement (poussoir du réveil remplacé), le deuxième est malheureusement irréparable, vu l' état pitoyable de son mouvement.
Ma seconde Memomatic retourne donc dans son casier, en attendant des jours meilleurs...
Fonctionnement de la Memomatic
La Memomatic est une montre réveil automatique avec dateur.
En 1970, elle est la première à être dotée du remontage automatique du réveil.
Autre exclusivité à l'époque, c'est la seule montre au monde à avoir l'heure du réveil réglable à la minute prés !
Dans les faits, les petites imprécisions dues à un mouvement mécanique, font que le réveil se déclenche à environ trois minutes prés, ce qui est tout de même remarquable.
Comment règle t-on le réveil ?
Rien de plus facile, et c'est là qu'intervient le bouton poussoir situé à 2 heures.
Comme le montre la photo, ce poussoir est doté d'une gorge facilitant sa manipulation.
Bouton en position normale, c'est à dire poussé vers la boîte, la fonction réveil est désactivée, et la montre est une automatique ordinaire, pouvant également être remontée manuellement.
En position intermédiaire, la fonction réveil est enclenchée, et la montre sonnera à l'heure indiquée sur les disques centraux du réveil.
La troisième position, c'est à dire poussoir complètement tiré, le réveil peut être réglé dans n'importe quel sens, en tournant la couronne à 4 heures, qui prend donc une toute autre fonction !
La mise à jour de la date à saut instantanné.
Elle se fait trés simplement, par un autre poussoir,situé lui à 3 heures et affleurant à la carrure. Il ne peut être manipulé que par une pointe, genre stylo à bille.
Le boîtier:
De conception trés robuste, la boîte est finie par différents brossages.
Cette finition permet d'avoir une montre plus tout terrain, car les rayures seraient bien entendu plus visibles avec une finition polie.
A l'origine les boîtiers des Memomatic étaient étanches à 60 mètres, ce qui permettait la baignade en principe sans problème.
Les deux modèles sont dotés d'un fond vissé, gage de bonne tenue à l'humidité.
La sonnerie:
En fait, et c'est là le principal défaut de cette montre, le bruit du réveil est assez léger.
Le marteau frappe un gong vissé sur la platine, et non pas le fond comme sur la mémovox de Jaeger-LeCoultre.
Il n' y a donc pas un effet de résonnance, d'où un son beaucoup moins "agressif".
A vrai dire, je pense qu'un gros dormeur risque de ne pas se réveiller au son de la Memomatic.
Omega prend d'ailleurs ses précautions à ce sujet, puisque l'on parle plus d'une montre agenda que d'une montre réveil...
Voila, cette revue se terminait ici quand je l'ai écrite en Février..
***
Mais en me promenant sur ebay, je suis tombé sur un mouvement complet de Memomatic, et j'ai alors cru que je pourrais commencer la restauration du second modèle, quitte à trouver un cadran plus tard, ou à faire repeindre l'existant.
Seulement les enchères sont rapidement montées et le mouvement m'est passé sous le nez à plus de 180 euros !
Un peu découragé, j'ai de nouveau rangé le casier de l'épave de la Memomatic, persuadé qu'elle resterait là encore des années.
***
Surprise !
Dix jours plus tard, je tombe sur ceci !
Un mouvement de Mémomatic en panne, avec en plus un cadran en bien meilleur état que le mien !
Le fait que le calibre soit clairement annoncé comme à restaurer a découragé je pense les éventuels acheteurs et je gagne l'enchère à un prix correct.
En attendant la réception du mouvement j'entame le nettoyage de la boîte qui est restée en l'état depuis son achat il y a dix ans.
Tout commence par le démontage du verre qui est considérablement rayé et nécessite un polissage.
La bague acier interne au plexi subit le même traitement.
Aprés quelques heures et un léger brossage de la boîte pour atténuer les rayures, voici le résultat de la première étape de la restauration:
Réception du mouvement et premier bilan:
Au premier coup d'oeil, le mouvement ne présente pas de trace d'oxydation, mais le démontage révèle rapidement la panne, ou plutôt les pannes.
-Le pont de train de rouage a un rubis manquant, et son logement a été agrandi. Sans doute une tentative de remplacement.
-La roue d'ancre a été massacrée, et son pivot n'a pas résisté.
-Les vis du mouvement ont été remontées n'importe comment, sans respecter leur bon emplacement, et certaines sont manquantes.
-Le balancier a un axe en bon état, mais le spiral a souffert.
Je passe donc quelques heures à remettre les vis à leur place, et faire une liste des pièces à remplacer.
Sur l'ancien mouvement:
Pour garder le numéro d'origine de ma montre j'entame le nettoyage du pont de l'automatique sur lequel il est gravé.
Le pont de train de rouage est également démonté car celui de mon nouveau mouvement est HS.
Les vis fortement oxydées sont comme soudées à la platine. la seule solution pour démonter le pont est un fraisage des têtes de vis.
Le pont est nettoyé, le palier en bronze de l'arbre de barillet doit encore être chassé de la platine de gauche pour être posé sur celle de droite, celle-ci sera alors prête à l'emploi.
Nettoyage et remontage:
En attendant les pièces en commande, j'entame donc le nettoyage du mouvement et un début de remontage.
Alors que le remontage progresse, catastrophe !
Une vis se casse à raz dans un petit axe en acier solidaire de la platine !
(La photo montre l'axe fileté à l'intérieur...)
Mes efforts pour enlever le boût de vis sont vains, et aprés quelques heures, il faut se rendre à l'évidence, ma nouvelle platine est foutue: Ce petit axe qui reçoit une roue servant à la mise à l'heure du réveil ne peut être remplacé car vendu avec la platine complête...
Les travaux sont stoppés net, tout est à nouveau rangé dans le maudit tiroir aux cas désespérés.
A ce jour, j'attends de mon fournisseur, le prix et la disponibilité d'une platine neuve...
à suivre (?)
Le 23/07/05
Quelques nouvelles des pièces en commande:
Presque tout est arrivé, je n'attends plus que la platine, commandée le 16 juin, et qui me coûtera 65 euros et la pièce référencée 1635 (voir ci-dessous).
Cette pièce 1635, sert à caler le disque de mise à l'heure du réveil et à faciliter sa rotation sous le cadran, en limitant les frottements.
En fait, pour patienter j'ai révisé ma première Mémomatic (la 166.072) et me suis aperçu de l'absence de cette pièce 1635, raison pour laquelle le disque de réveil ne tournait pas trés librement.(Je n'avais pas de documentation sur le mouvement à l'époque de la première révision).
J'ai donc utilisé cette pièce pour terminer ma première Mémomatic, et en ai commandé une nouvelle pour le deuxième mouvement à restaurer.
Une photo de ma première Memomatic nouvellement révisée pour patienter...
J'ai profité de cette révision pour reprendre le brossage et le poli de la boîte qui n'avaient pas été touchés depuis l'achat de la montre.
Autre modification, les aiguilles et index ont été rechargés en pâte lumineuse de ma composition. Celle d'origine avait noirci avec le temps, surtout sur les aiguilles...
Vous pouvez constater qu'elle a tout de même meilleure mine que sur la photo en haut de page...
La pièce 1635 et la platine devraient arriver pour la fin juillet, ce qui me permettra sans doute de terminer la restauration de la deuxième montre...
Lundi 29 Août:
De retour de congés, je passe prendre des nouvelles chez mon fournisseur:
Ma commande a été perdue ! Les pièces sont donc de nouveau mises en commande, avec un délai supplémentaire de 1 mois ...
J'espère que je ne recevrai pas les pièces en double, c'est déja arrivé, alors que l'on croyait la commande égarée.
Le remontage devra donc attendre un bon mois supplémentaire, pour le courant du mois d'octobre je pense...
Vendredi 16 Septembre:
Un coup de fil de mon fournisseur m'apprend que la pièce 1635 est arrivé depuis le mois de Juillet !
En fait, il avait jeté un coup d'oeil au contenu du colis et croyait que la pièce reçue était un verre. (Il se demandait d'ailleurs qui lui avait commandé cette pièce...)
Mardi 20 Septembre:
En passant acheter une pile de montre, agréable surprise, la platine est enfin arrivée!
Plus d'excuse... Le remontage peut commencer, toutes les pièces sont là.
Vendredi 23 Septembre, 20h30: Le boût du tunnel...
Sur la platine reçue (à droite), l'emplacement de l'incabloc est vide.
Première difficulté, il faut dont chasser ce dernier pour le poser dans son logement sur la nouvelle platine. (photo ci-dessous)
Su l'ancienne platine, j'enlève le rubis de contrepivot par prudence...
Ce petit outil percé en son centre pour préserver le trou de passage de l'axe de balancier me permet de chancer l'incabloc d'un coup de marteau .
Jusqu'ici, tout se passe bien...
Mais je m'aperçois que l'incabloc n'a pas d'épaulement qui permettrait de l'enfoncer jusqu'à ce qu'il bute.
Il va donc falloir régler la hauteur du bloc, et faire des essais avec le balancier posé pour mesurer son ébat en hauteur !
A ce niveau, j'espère que je n'aurai pas trop de retouches à faire pour loger correctement cette minuscule pièce...
L'incabloc posé sans difficulté, il faut donc que je remonte le balancier pour tester le jeu de fonctionnement.
Je dois donc m'occuper du pont de balancier dont la raquette de réglage est fortement oxydée et cassée.
Les deux pièces formant la raquette sont donc remplacées...
Le test, avec un balancier neuf en place, peut enfin être effectué...
Deux retouches seront nécessaires en agissant sur la hauteur de l'incabloc de platine, pour obtenir enfin l'infime jeu vertical de fonctionnement du balancier.
Ouf ! Je crois que j'ai passé la principale difficulté du remontage de la montre.
Nous sommes Vendredi soir, il est tard, un petit tour sur les forums de montres et je vais dormir...
Samedi 24
L'assemblage peut commencer, il n'y a pas grande difficulté, si ce n'est un ordre de remontage à suivre.
Pose de la roue de centre avec la chaussée, de la tirette avec son ressort lame, ainsi que de quelques pièces de la mise à l'heure du réveil.
Voici la fameuse vis qui a cassé lors du précédent remontage...
Ici, la vis est en place, elle maintient le pignon qui se trouve juste à droite de la chaussée.
Le gros levier en haut à droite sert à la mise à jour de la date.
A ce stade, toute la pignonerie du réveil est posée.
Pose du barillet et d'un pont qui reçoit la roue de centre.
Pose du pont recevant le train de rouage et le cliquet du barillet.
Pourquoi avoir posé ces pièces ? Et bien la pose du reste des composants du coté cadran empèchera d'avoir accés aux coussinets en rubis, pour permettre un huilage correct des axes de roue.
Le huilage est donc fait dès à présent.
Le remontage du coté cadran continue.
Pose du disque de date, en prenant soint de ne coincer aucun ressort, ni levier de commande.
Un essai sur le levier de commande de date permet de voir que tout fonctionne bien.
Il faut noter que deux roue comportent des repères qu'il faut bien caler en face de marquages sur la platine et sur la plaquette acier au centre.
Le calage correctement établi, on sait que l'heure de réveil, ainsi que les aiguilles devront être posés sur minuit.
Il n'y aura donc pas de décalage, entre réveil et passage de date...( trés peu)
L'ancre et le pont d'ancre sont posés
Le pont du mécanisme inverseur et du marteau, le marteau, la double roue avec inverseur, et une roue en Delrin .
La roue en Delrin actionne l'ancre du marteau dans sa partie inférieure, et reçoit la roue avec inverseur du coté supérieur.
Le petit levier en acier visible dans ce trou de la platine s'abaisse et libère le marteau à l'heure dite.
Ici, on voit mieux le double rôle de la roue en Delrin, qui agit sur le marteau en dessous, et reçoit l'inverseur du remontage automatique par dessus.
Le reste du mécanisme de remontage (deux pignons) se trouve sous le pont recevant le rotor.
Le montage final du rotor permet un remontage du ressort moteur...le coeur de la montre se remet à battre...
Dernière pièce à être posée: Le gong sur lequel viendra taper le marteau.
Grâce au porte piton mobile, le balancier est réglé minutieusement pour qu'il ne "boite" pas.
Le tic ne doit pas être plus long que le tac, pas facile à expliquer...
Disons que sans ce réglage, le balancier tournerait comme un moteur de harley !
Un passage au chronocomparateur permet d'exécuter ce réglage parfaitement et de passer ensuite à l'avance/retard de la montre.
Je n'ai malheureusement pas pris de photos du passage au chronocomparateur.
***
La photo d'ensemble montre que le but est proche.
On y voit donc:
-La boîte munie de son verre, de la couronne et du poussoir de réveil.
-Le disque ondulé (en haut à gauche) qui maintient le mouvement en place lorsque le fond est vissé.
-Le mouvement complet et réglé.
-Le cadran et ses aiguilles.
-La bague d'emboîtage (en bas à gauche)
-La pièce sous blister est une autre bague ondulée qui se loge entre le cadran et le disque de réveil. (la fameuse pièce 1635)
-Le disque de réveil (à droite) avec ses deux pignons et sa platine.
Je n'ai pas pris de photos du remontage du cadran et des aiguilles par manque de temps, mais il faudra que je redémonte pour remplacer la matière lumineuse des index et des aiguilles, noircie ou tachée par endroits.
Je ferai donc des photos à ce moment là...
Mes deux Memomatic fraichement révisées, il est 14 heures 25, l'heure de terminer cette revue...
jef06